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Bilbo Le Hobbit

Chapitre 12 : Information secrète

Par Forfirith (L. M-G.) & Eleglin (Y.H.)
mise à jour : 08.07.2011

Plan de l'article

Résumé du Chapitre

Les nains décident qu'il est temps pour Bilbo d'accomplir la quête pour laquelle il a été recruté : dérober le trésor de Smaug. Bilbo va donc voler une belle coupe pendant la sieste du dragon. Mais celui-ci en se réveillant, se rend compte qu'il manque une simple coupe dans tout son trésor et rentre dans une furie énorme...
Il sort de la Montagne pour se venger. Les nains se réfugient d'urgence dans le passage entre la porte et la caverne de Smaug. Finalement, le dragon retourne dans son antre, scandalisé et profondément ulcéré.

Le lendemain, les nains décident d'envoyer à nouveau Bilbo qui, cette fois, utilise son anneau. Mais le dragon ne se fait pas prendre une seconde fois, et il se réveille pour entamer une discussion des plus intéressantes avec notre cambrioleur, sans savoir quel genre de créature est-ce et sans le voir.
Bilbo mène habilement la conversation. Malgré tout, le dragon parvient à jeter le doute dans l'esprit du hobbit, et enfin, il vexe le dragon, ce qui oblige notre hobbit à remonter le passage de toute urgence et lui coûtera quelques légères brûlures et plus de peur que de mal.

Il raconte une partie de son récit et remarque en même temps un grive non loin, qui semble écouter. Mais Bilbo est anxieux, et il demande aux Nains de rentrer leur bagage et de rester eux-mêmes à l'entrée du tunnel, car il craint fortement que Smaug tente de détruire l'autre entrée du pasage, celle où ils ont trouvé refuge.

Les nains n'obéissent qu'à contre-cœur, et juste à temps, puisque au moment où ils rentrent, Smaug détruit tout ce pan, et les nains se retrouvent bloqués à l'intérieur. Smaug prend son vol vers Lacville, persuadé que les Hommes du Lac sont à l'origine de cet odieux complot contre son auguste personne.


Introduction

Le titre Information secrète ne correspond qu'à la traduction de M. Ledoux. Cela met en lumière certaines imperfections de la traduction française. A noter que le titre original est Inside Information, qui pourrait se traduire par « Reconnaissance interne », insiste plus sur la mission de Bilbo, dans l'antre du dragon. Pour plus de précision sur cette traduction, je vous renvoie au très bon site Traduire Tolkien.

C'est un chapitre essentiel :
— Bilbo fait preuve d'un grand courage, en entrant dans l'antre du terrible dragon.
— On découvre enfin le redoutable, le magnifique Smaug le Doré, cet adversaire dont on nous parle depuis le début du conte, comme un dévoreur de nains, un voleur, et l'ennemi formidable à éliminer.
— La discussion entre Smaug et Bilbo aura des conséquences, tant pour Thorin & Cie, que pour les Hommes du Lac, et ce sera à l'origine des prochaines péripéties.

Eleglin.

Bilbo dans l'antre du dragon

Après un discours fort ennuyeux et formel de Thorin, pour rappeler à Bilbo que toute la compagnie lui est reconnaissante, mais qu'il est temps que le cambrioleur remplisse son office — c'est à dire reprendre le trésor du vilain et méchant dragon, pendant que les nains l'attendront à l'entrée — Bilbo, accompagné un moment par le vieux Balïn, va affronter la plus redoutable épreuve qui l'attendait : entrer dans la "chambre" de Smaug le Doré, ce terrible ennemi dont les crimes forment une liste impressionnante, et qui n'hésitera pas à le dévorer si notre hobbit se fait prendre...

Bilbo me semble être vraiment devenu le cerveau du groupe. Les nains se reposent littéralement sur ses idées et sa chance insolente, et ils espèrent un peu qu'il fera tout le sale boulot. Même si ce sont tout de même de braves gens, et qu'ils n'hésiteraient pas à se porter au secours de Bilbo en cas de besoin.

Comme l'écrit Tolkien, son acte le plus courageux est de s'être avancer dans la grotte pour découvrir le terrible Smaug. Mes cheveux s'en dressent encore sur mon crâne ! Encore une fois, on retrouve la traversée du sombre tunnel (cf le Monomythe de Campbell), celle qui permettra au héros de se révéler à lui-même. Cette aventure dans l'antre de Smaug, c'est un peu une représentation de la maturité qu'a acquis Bilbo. La première fois qu'il était entré dans un tunnel, Bilbo avait découvert l'Anneau et affronté Gollum. La seconde aventure dans les tunnels sera une réelle confirmation, la preuve finale de son courage.

Et il en rapportera une coupe, petite par la taille, mais grande par le symbole. D'une part, la coupe prouve aux nains qu'il a été jusqu'au bout : il a touché une partie du trésor de Smaug. De plus, dans la tradition indo-européenne, la coupe est souvent associée au cœur, à la lumière intérieure. déjà, dans la plus ancienne Egypte, le vase est le hiéroglyphe du cœur. Dans le druidisme, existait aussi quelque chose de tel et la coupe présentée par la jeune fille à celui qu'elle avait choisi, lors du repas de fiançailles, signifiait très clairement le don de son cœur. On pensera également au Graal, cette coupe du "Sang Royal", qu'on retrouve dans les mythes arturiens, et qui sera plus tard associé au Christ.

J'ai beaucoup apprécié la petite discussion avec le dragon, d'abord les énigmes puis la façon d'évincer les questions du monstre, d'éviter son regard charmeur, tout en essayant d'en soutirer le plus d'informations utiles. Par contre, sa sortie est comique, car il a un peu trop sous-estimé son adversaire. C'est une fois encore la preuve d'une certaine candeur, mais d'un grand courage. Les Hobbits sont en réalité bien plus courageux et importants qu'ils n'en ont l'air.

Je crois que le pire ennemi qu'ait affronté Bilbo n'est pas Smaug, mais ses propres peurs et doutes intérieurs.

Eleglin.

Rencontre avec Smaug le Doré

Méchant classique des contes et légendes occidentaux, Smaug ne fait pas dans l'originalité donc et se conforme à un certain modèle qui remonte très loin dans les mythes populaires. L'origine du dragon se perd dans la nuit des temps : il a le corps d'un reptile, possède des pattes griffues, une échine avec des piquants, a l'ouïe fine et la vue perçante. Et on les appelle communément "Vers", dans la littérature anglaise et scandinave.

L'aventure de la coupe n'est pas sans rapeller Beowulf. Le dragon s'éveille car un voleur a pénétré dan son antre et lui a dérobé une coupe sertie de joyaux avant de s'enfuir. En tant que spécialiste de l'anglo-saxon, et connaissant Beowulf, la possibilité que Tolkien ait fait un parallàle n'est pas à ecarter.

Le nom de Smaug est à rapprocher d'une expression de vieil anglais wid smeogan wyrne, « contre le ver pénétrant » mais l'énigmatique smugan, tiré de l'antique germanique et signifiant « se faufiler dans un trou » n'est peut-être pas à exclure ( cf David Day, L'Univers de Tolkien )
Cela nous rapelle le côté inquisiteur et pénétrant de Smaug le Doré. Il devine sans peine la conjuration des nains, et leur plan ( un peu tiré par les cheveux, et cela fait bien rire notre dragon... Dérober son trésor, la bonne blague ! )
« Je ne sais pas s'il vous est venu à l'idée que, même si vous pouviez voler l'or bribe par bribe — ce qui serait l'affaire d'une centaine d'années —, vous ne pourriez l'emporter bien loin ? Il ne servirait pas à grand chose au flanc de la montagne. Ni dans la forêt. Vous n'avez donc jamais songé à cet attrape-nigaud, Dieu me bénisse ! Une part d'un quatorzième ou quelque chose d'approchant, je gage ; c'étaient là vos conventions, hein ? Mais la livraison ? Et le transport ? Et les gardes armés et les péages ? »
En tout cas, l'intelligence de Smaug n'est pas à prouver. On voit aussi dans le chapitre qu'il apprécie beaucoup les énigmes, de quoi titiller son imagination et satisfaire son orgueil en cherchant à trouver leur sens. Surtout lorsque Bilbo s'invente des titres abracadabrantesques, que nous seuls pouvons comprendre, mais que Smaug doit checher le sens avec frustation.

Autre danger, le charme des dragons. Et Smaug n'échappe pas à cette règle. Il a l'art de s'insinuer dans l'eprit de Bilbo pour essayer de mettre en doute les paroles des nains et leur honnêteté. Ce qui va générer des soupçons dans son esprit : soupçons qu'il chassera ensuite, mais qui montre l'irresisitibilité d'un dragon.
« Je suppose que tu as tiré un bon prix de cette coupe, hier soir ? poursuivit-il. Est-ce vrai, allons ? Rien du tout ! Voilà qui est bien d'eux. Et je suppose qu'ils se dérobent à l'ouvrage là-dehors : c'est à toi qu'il appartient de faire tout le travail dangereux et d'attraper ce que tu peux pendant que je ne regarde pas - et cela pour eux ? Et tu recevras une honnête part ? N'en crois rien ! Tu auras bien de la chance si tu en sors vivant. »

Imbu de sa précieuse et auguste petite personne me semble un qualificatif approprié pour caractériser Smaug. Comme tout dragon digne de son nom, il est perfide, malin, et sait user de ses charmes pour séduire et tromper son adversaire.
Toutefois, Smaug, un peu caricatural et ridicule, qui n'est pas sans rapeller l'Avare de Molière. Ne vous rapelle t-il pas Harpagon qui a perdu sa petite cassette ? Quel tintamare pour une si petite coupe ! Et oui, les pauvres sont fous, et les riches sont excentriques... Ainsi en est-il de Smaug le Doré, comme de nombreux dragons.

Détail qui aura son importance, Bilbo découvre que le vieux dragon a une partie de son poitrail, non recouvert de gemmes. Une faiblesse que nos héros pourront peut-être exploiter ?

Eleglin

Pour approfondir cette lecture...

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Bonne lecture !

Smaug © John Howe