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Bilbo Le Hobbit

Chapitre 17 : Les nuées éclatent

Par Forfirith (L.-M.G.) & Eleglin (Y.H.)
mise à jour : 04.08.2008

Plan de l'article

Résumé du Chapitre

Bard et les Elfes continuent la négociation avec Thorin en utilisant l'Arkenstone, mais celui obtient un délai pour la remise du butin. Il souhaite attendre l'arrivée de Dáin et ne plus devoir ainsi partager le trésor. Bilbo se retrouve exilé hors de la Montagne, renvoyé par un Thorin furieux. Il rejoint ainsi Bard, les Elfes ainsi que Gandalf qui est revenu.

Entre temps, l'armée de Dáin arrive à la Montagne. Au moment où le combat va commencer, le ciel s'obscurcit soudain de chauves-souris, dénonçant l'arrivée imminente de l'armée des Gobelins dirigée par Bolg. Les nains s'allient alors avec les elfes et les hommes, et la Bataille des Cinq Armées débute sur les flancs de la Montagne. La victoire paraît d'abord possible, mais le nombre de gobelins est énorme et peu à peu ils perdent pied, malgré la sortie de Thorin et des autres nains.

C'est alors que Bilbo, qui a enfilé l'anneau dès le début de la bataille, aperçoit au loin les Aigles qui viennent vers eux. Puis, assommé par un pierre, Bilbo s'évanouit.

Forfirith.


Introduction

Bilbo Le Hobbit et le Seigneur des Anneaux s'achèvent tous deux par une grande bataille impliquant presque tous les personnages et peuples de l'histoire. Dans Bilbo, il s'agit de la Bataille des Cinq Armées, et dans le SdA, il s'agit de la Bataille devant la Porte Noire.

La tension s'élève graduellement lors des deux batailles jusqu'au retournement final imprévu et joyeux, qui voit le triomphe du camp du Bien, grâce à l'arrivée des Aigles.

Eleglin.

Thorin, un nain à la nuque roide...

Thorin ne semble pas plus conciliant et sympathique qu'avant. Lorsque les émissaires des elfes des bois et des hommes du lac produisent l'Arkenstone, et qu'ils prétendent le conserver en otage jusqu'à ce que Thorin devienne raisonnable et leur concède une part de son trésor, Thorin devient évidemment fou de rage. Et lorsqu'il apprend que Bilbo est à l'origine de cette manœuvre, il manque de précipiter le Hobbit par dessus les rochers. C'est alors que Gandalf arrive et tente de calmer la situation.

Les évènements qui suivent ne sont pas pour donner une meilleure image de Thorin. Il renvoie Bilbo comme un vulgaire voleur, avec des paroles fort désagréables alors qu'on sait le rôle du hobbit dans cette expédition et son importance. Les cousins de Thorin ne sont guère fiers de ce renvoi et on sent bien qu'à défaut de pouvoir protester, ils auraient souhaité une autre issue à ce conflit. Bilbo a su gagner leur confiance et leur amitié, et il compte comme un des leurs à leurs yeux.

Thorin finit par promettre la part du hobbit aux assiégeants, ce qui ne l'engage à rien vu qu'elle revenait de droit à Bilbo. Toutefois, un plan germe dans son esprit et il compte bien sur l'arrivée de l'armée de Dáin pour pouvoir duper ses assiégeants et ne rien céder du tout. L'arrivée de wargs et des orques va mettre un terme à ses sombres projets.

Eleglin.

La Bataille des Cinq Armées.

Les Cinq Armées sont:
— les nains de l'expédition et des nains venus des Monts du Fer,
— les elfes sylvestres de Mirkwood,
— les hommes du Long Lac,
— des orques des montagnes,
— des wargs.

Deux camps en présence :
— les défenseurs : nains, humains et elfes alliés pour la bonne cause contre les ennemis communs : orques et wargs,
— les attaquants : orques et wargs qui arrivent à l'annonce de la chute de Smaug.

On retrouvera le même scénario lors de la Bataille du Morannon ou du Gouffre de Helm : l'armée des Bons, à défaut d'avoir l'avantage numérique use de sa position stratégique et de l'intelligence de ses chefs pour résister face à une marée d'ennemis dont chaque vague se brise sur les premières lignes de défense. Toutefois, étant donné le nombre d'ennemis en présence, il apparait clairement que les Bons ne pourront obtenir la victoire face à cette marée hideuse.

Le ton du récit est épique et met en opposition la stratégie, l'adresse et le courage des elfes, des hommes et des nains, face à la désorganisation mais aux effectifs apparemment illimités des orques.
Ce sont les elfes qui sont les premiers à s'engager dans la bataille. La pluie de flèches qu'ils décochent sont d'un feu cuisant et leurs lances brillent d'une flamme glacée. Ils sont les ennemis éternels des orques et la façon dont ils sont présentés fait penser à des rédempteurs ; ils sont là pour nettoyer la terre de ce fléau que représentent les orques, créatures hideuses et malicieuses.
Mais les hommes et les nains ne déméritent pas non plus. Et leur engagement dans la bataille est souligné. L'un des moments les plus palpitants est la sortie de Thorin et de ses cousins et leur engagement dans la Bataille qui provoque un élan d'enthousiasme chez les défenseurs. Thorin engage alors une contre-attaque héroïque et repousse les assiégeants, jusqu'à ce que ses troupes soient elles-mêmes coupées du reste des défenseurs, encerclées et attaquées par Bolg et sa garde personnelle.

Les commentaires de l'auteur concernant le rôle très effacé de Bilbo lors de la Bataille et ses inquiétudes allègent la tension présente dans le récit et facilite sa lecture pour les plus jeunes.
Si on compare la description de cette bataille à celle de la Chute de Gondolïn, et d'autres récits de batailles par Tolkien, on a également une impression de désordre, la bataille ne semble pas narrée avec une chorégraphie harmonieuse, mais plus par patchwork de scènes et d'images..

Eleglin.

Et l'Eu-catastrophe repoussa les ténèbres...

Comme souvent lors des batailles narrées par Tolkien, la situation ne tourne pas en faveur des héros. Leur foi est fortement mise à l'épreuve car la situation est objectivement perdue d'avance.

Le dénouement de la bataille reprend un élément présent dans la plupart des contes et dans l’Evangile. Tout conte doit, d’après Tolkien, s’achever par une « eu-catastrophe » finale, c’est-à-dire un retournement de façon soudaine qui procure au lecteur de la joie. Cette idée est devenue une conviction le jour où, à la messe, Tolkien écouta le sermon dans lequel le prêtre rapportait l’histoire de la guérison miraculeuse d’un enfant à Lourdes en 1927. Un petit garçon atteint d’une péritonite tuberculeuse et que l’on avait monté mourant dans le même wagon qu’une fillette qui, elle, avait été miraculeusement guérie, se leva alors soudain sur son séant (alors que le train passait à la hauteur de la Grotte) et dit « Je veux aller parler avec la petite fille », puis descendit de sa couche et partit jouer avec la petite fille, totalement guéri.
Tolkien écrit qu’en écoutant ce récit, il a ressenti une profonde émotion et qu’il a compris tout à coup ce que c’était : « Cela même que j’avais essayé d’écrire et d’expliquer dans cet essai sur le conte... Pour cela j’ai créé le terme ‘eucatastrophe’, le soudain retournement heureux d’une histoire qui vous transperce d’une joie qui apporte des larmes (ce que je déclare être la fonction la plus haute que le conte doit produire). Et je fus conduit à cette idée qu’elle produit cet effet particulier parce que c’est un rayon soudain de la Vérité... »

L'Eu-catastrophe se manifeste ici par l'apparition miraculeuse des aigles. Les Aigles sont en effet les émissaires des Valar, c'est à dire les anges d'Arda. Leur apparition, tel un deus ex machina, apporte une grande joie à Bilbo. Et il est à supposer que cela permettra le triomphe des Bons, étant donné que le chapitre s'achève par cette apparition miraculeuse et l'évanouissement de Bilbo.
Fin assez brutale et frustrante qui nous laisse sur notre faim et fait monter le suspens avant la chapitre suivant.

Eleglin.

Pour approfondir cette lecture...

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Bonne lecture !

 

La Bataille © David Wyatt