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Les Races sur Arda

Les Elfes (en anglais : The Elves)

Autres noms en quenya : Désignés tout d'abord sous le nom d'Eldar, "Le Peuple des Étoiles" par le Vala Oromë (bien que par la suite, ce nom ne désignait plus que les Noldor, Vanyar et Teleri) mais eux-mêmes se donnaient le nom de Quendi, "Ceux qui parlent avec la voix".
Article illustré par une peinture de Ted Nasmith

Luthien © Ted Nasmith
par Eleglin (Y.H.)
mise à jour : 04.08.2008
Citation :

"Elves" is a translation, not very suitable, but originally good enough, of Quendi. They are representated as a similar race in appearance (and more so the further back) to Men, and in former days of the same stature.


"Elfes" est une traduction, qui n'est peut-être plus vraiment appropriée maintenant, mais assez satisfaisante à l'origine, de Quendi. Ils sont présentés comme un peuple d'apparence similaire (d'autant plus que l'on remonte le temps) à celle des Hommes, et de la même stature dans les jours anciens.

J.R.R.Tolkien, The Letters, n°144, lettre adressée à Naomi Mitchison.

Plan de l'article

1 - La Venue des Elfes

Aux temps reculés qu'évoquent les premiers récits, Varda, la Reine des Valar, créa de nouvelles étoiles pour la venue des Premiers-Nés. Les Valar attendaient depuis longtemps l'apparition des Enfants d'Ilúvatar. On raconte que, lorsque Varda eût achevé son œuvre, à ce moment même naquirent les Elfes. Ils s'éveillèrent du sommeil d'Ilúvatar sur les rives du Lac de Cuiviénen, "l'Eau de l'Éveil".

2 - Description des Elfes

A - Généralités

Les Elfes représentaient la réalité des Hommes avec un supplément d'esthétisme et de facultés créatives, une plus grande beauté, une vie plus longue et un surcroît de noblesse.[1] Les Elfes étaient les premiers êtres doués de la parole.

Au début, les Premiers-Nés étaient plus forts et plus beaux, car si la beauté des Quendi dans leur jeunesse fut au-delà de tout ce qu'a créé Ilúvatar, cette beauté n'était pas morte et se survivait dans l'Ouest, et la douleur et la sagesse l'avaient enrichie.

Enfin l'existence des demi-elfes montre bien que les Elfes et les Humains ne forment qu'une seule espèce biologique.

B - Cycle de croissance des Elfes

Le cycle de croissance des Elfes était différent de celui des Hommes. Leur corps évoluait moins vite que leur esprit : les enfants des Elfes avaient par conséquent un esprit bien plus évolué que celui d'humains du même âge. Dès l'âge d'un an, ils savaient parler et même marcher et danser.

Généralement plus grands de statures (1 mètre 80 à 2 mètres), les Elfes atteignaient leur taille d'adulte vers cinquante ans (voire cent ans) et avaient l'esprit plus développé que leurs homologues humains. Bien plus habiles, ils étaient aussi ambidextres et étaient dotés de sens bien plus développés, en particulier leur vue et leur ouïe.

C - De l'immortalité elfique et du destin des Elfes

Les Elfes étaient immortels, leur sagesse ne faisait que grandir avec le temps. Ni maladie, ni infection ne pouvaient les faire mourir. En fait, leur corps était d'essence terrestre et pouvait être détruit soit par blessures physiques, soit par le deuil ou le chagrin. Alors ils rejoignaient les cavernes de Mandos pour y attendre la Fin du Monde ou la Renaissance. En effet, les esprits des Elfes pouvaient se voir octroyer un nouveau corps, semblable au corps qu'ils avaient perdu, à condition qu'ils demeurent à Valinor.

De plus, si les Elfes ne subissaient pas les mêmes altérations physiques que les Hommes et semblaient bénéficier d'une forme d'immortalité que nombreux parmi les Hommes enviaient, on ne peut pas vraiment dire que le temps qui passait n'avait aucune incidence sur le corps et l'esprit des Elfes. En effet, il était possible que leur esprit consume leur corps, ce processus étant bien distinct de la mort.

On raconte qu'à la fin du monde, les Humains se réuniront avec les Ainur pour chanter la seconde Musique. On ignore pourtant quel sera le sort des Elfes à ce moment là mais leur existence est intimement liée à l'existence même d'Arda.

3 - De la division des Elfes

A - Eldar et Avari : différenciation générale des principaux groupes

Oromë surprit par hasard les Elfes à Cuiviénen et, pris soudain d'amour pour eux, leur proposa de le suivre à Valinor. Trois Elfes (Elwë, Finwë et Ingwë) furent envoyés comme ambassadeurs et, comme ils revinrent émerveillés par la lumière de l'Ouest, une Grande Marche pour Valinor fut organisée. Certains refusèrent pourtant de quitter les Eaux de l’Éveil, les Avari. Les autres, les Eldar, se séparèrent en trois tribus : les Vanyar , les Noldor , et les Teleri.

B - Les Úmanyar

Tous ceux qui ne connurent pas la lumière d'Aman (pour la plupart des Teleri) furent nommés les Úmanyar, "ceux qui n'atteignirent jamais le Pays d'Aman", s'égarant sur leur chemin ou s'installant sur les rivages :

  • Certains Teleri refusèrent de traverser les Monts Brumeux et s'installèrent dans la vallée de l'Anduin. On les appela les Nandor, "ceux qui firent demi-tour", terme peu approprié car ces elfes n'étaient pas retournés vers Cuiviénen.
    • Parmi ceux-ci, un groupe dirigé par Denethor passa longtemps après les Montagnes Bleues et s'installa en Ossiriand. On les appela les Laiquendi, "les Elfes-Verts".
    • Les autres Nandor furent ensuite connus comme "les Elfes-Sylvains", vivant dans les forêts de Rhovanion.
  • Certains Teleri s'arrêtèrent sur les terres du Beleriand et décidèrent de s'y installer. On les appela les Sindar, "les Elfes-Gris".
    • Nombreux furent ceux qui recherchèrent leur seigneur Thingol. On les appela les Eglath, "Les Abandonnés" car ils ne purent rejoindre ceux qui traversèrent la Mer.
    • Les Falathrim ("les Elfes de Falas") s'installèrent sur les rivages, près de la Grande Mer.

Pour les Valar, les Úmanyar et les Avari étaient une seule et même espèce, les Moriquendi, car ils n'avaient jamais vu la lumière des Arbres.

C - Les Calaquendi

Les trois tribus qui parvinrent en Aman furent appelées les Calaquendi ("Les Elfes de Lumière") : les Vanyar ("les Blonds"), les Noldor ("les Sages") et des Teleri ("les Derniers").

  • Les Teleri ainsi nommés car ils arrivèrent après les Noldor et les Vanyar et s'installèrent pour la plupart à Tol Eressëa.
  • Les Noldor étaient les plus sages parmi les Elfes, ils arrivèrent après les Vanyar et avant les Teleri. Leur Roi était Finwë.
  • Les Vanyar avaient été les premiers à rejoindre Aman et leur seigneur, Ingwë, était le Haut Roi des Elfes.

schéma représentant la division des Elfes (les Quendi)

D - Les Exilés et les Aulendur

  • Nombreux furent les Noldor à suivre Fëanor en Terre du Milieu, suite au vol des Silmarils, et un certain nombre y demeura jusqu'à la fin du Troisième Âge. On les appela les Exilés.
  • Les Noldor qui suivirent Finarfin furent appelés les Aulendurs ("Les Serviteurs d'Aulë")

4 - Les langues des Elfes

On pourra préciser que deux langues sont particulièrement présentes dans l'œuvre littéraire de Tolkien : le quenya et le sindarin [2] :

Quenya
Langue eldarine, le quenya ou "haut-elfique" est une langue ancienne créée en Eldamar et la première fixée à l'écrit. Mais l'évolution du quenya en divers idiomes (vanyarin et noldorin) a amené finalement cette langue à un statut de langue noble, puis de langue morte n'étant plus utilisée dès la fin du Premier Âge qu'à l'occasion de cérémonies ou par les gens de lettres : ménestrels et chroniqueurs.
Sindarin
Langue en usage chez les Elfes occidentaux, aussi appelée "gris-elfique", le sindarin est la langue que l'on rencontre le plus souvent, en particulier dans les noms propres. Le sindarin est une évolution du vieux sindarin liée à l'influence réciproque du quenya et du vieux sindarin.

5 - Les noms des Elfes

Les Elfes avaient souvent deux noms ; ceci était simplement le reflet des deux langues elfiques : sindarin et quenya.
exemple : Elwë, roi de Doriath, est nommé Singollo en quenya et Thingol en sindarin. Ces deux noms signifient « Gris Manteau ». Thingol est donc le Roi à la Mante Grise, ainsi appelé par son peuple.

Les Elfes recevaient deux « premiers noms » (essi), l'un donné par le père (essë), et très proche par la forme et le sens de celui du père ou de la mère, auquel on adjoignait un préfixe distinctif à la maturité. L'annonce du choix du nom paternel avait lieu au cours d'une cérémonie officielle appelée essecarmë. Le second était donné après la naissance par la mère (amilessë) ; et ce nom de mère avait une grande importance car les mères Eldar avaient des dons prophétiques, et ce nom était le reflet du caractère ou de la destinée de l'enfant.[3]
exemple : Galadriel reçut d'abord de son père le nom Artanis, puis de son nom de mère, on l'appela Nerwen (« jeune fille-homme? »). Une référence à sa grande taille, et à ses capacités tant physiques que spirituelles qui lui permettaient de rivaliser avec les Eldar ?

Il arrivait aussi qu'un surnom (epessë) fût donné par l'entourage, et qu'il fût plus utilisé que les deux autres noms que les parents avaient donnés.
exemple : Alatáriel est le surnom (epessë) teleri que Celeborn donna à son épouse, devenant Altariel en quenya, et enfin Galadriel en sindarin. Al(a)táriel, vient de alata « rayonnement » (sindarin galad) et riel « jeune fille parée de guirlandes » (de la racine rig- « entrelacer, couronner ») : la signification complète « jeune fille couronnée d'une guirlande radieuse » faisant référence à sa chevelure.

6 - Histoire

Deux grands peuples se distinguèrent plus particulèrement : d'une part les Noldor, les protégés d'Aulë qui vivaient à Valinor et avaient reconnu pour roi Finwë et d'autre part les Sindar qui étaient restés sur la Terre du Milieu et avaient pris pour souverains Elwë et son épouse Mélian la Maia.

Après la perte des Arbres de Valinor et la mort de leur souverain Finwë, ainsi que le vol des Silmarils par Melkor, les Noldor jurèrent de recouvrer les joyaux et de se venger de quiconque les aurait en sa possession. ils se rendirent au port des Teleri et prirent leurs navires par la force pour se rendre au Beleriand ; ce fut le premier massacre fratricide qui provoqua la colère des Valar. Mandos fut envoyé auprès d'eux pour prononcer le Destin des Noldor et cette malédiction les poursuivit très longtemps.

Les évènements qui eurent lieu lors du Premier Âge conduisirent à la ruine des Royaumes des Noldor et des Sindar, et cet âge vint à terme avec la chute de Morgoth, lors de la Grande Bataille au cours de laquelle l'armée des Valar jeta bas le Thangorodrim. Les Silmarils furent à jamais perdus pour les Noldor et nombreux furent les Noldor et les Sindar qui vinrent à passer la Mer.

Au Second Âge se distinguèrent les Hauts-Elfes qui vivaient au Lindon et avaient reconnu pour roi Gil-galad ainsi que ainsi que ceux qui suivirent Galadriel et fondèrent la Guilde des Forgerons, s'installant en Eregion et se liant d'amitié avec les Nains de la Moria. Si le premier groupe ne voyait pas d'un bon œil les conseils de Sauron (l'ancien lieutenant de Melkor), ce dernier put gagner à sa cause les forgerons-Elfes et leur seigneur, Celebrimbor, qui forgèrent les Anneaux du Pouvoir. Les Elfes finirent par découvrir les desseins de Sauron mais il était déjà trop tard et les guerres qui s'ensuivirent affaiblirent encore plus les Elfes et conduisit finalement à la domination des Hommes à la fin du Troisième Âge.

Au Troisième Âge, on ne voyait qu'exceptionnellement des Elfes, et beaucoup avaient déjà traversé la mer en direction des Terres Immortelles. Malgré tout, quelques communautés survivaient en Terre du Milieu : dans la Forêt Noire, à Fondcombe et en Lothlórien.

Galadriel © Hildebrandt

Notes

1. cf J.R.R. Tolkien, Les Lettres, lettre 144.
2. Une présentation complète des langues elfiques et de leur évolution est disponible sur un article dédié.
3. cf J.R.R. Tolkien, Appendice E des Contes Inachevés (Second Âge)