L'importance des noms dans l'œuvre de Tolkien (3/3)
Plan de l'article
- Introduction
- 1 - L'onomastique interne
- A - Bref rappel concernant les langues créées par Tolkien
- B - L'importance des noms
dans le récit de Tolkien
- 1 - Le cas de l'anthroponymie.
- 2 - Le cas de la toponymie.
- 3 - De l'intérêt de l'onomastique interne.
- 2 - L'onomastique externe
- A - Une origine interne et une origine externe des noms
- B - Procédés généraux concernant la construction des noms à partir d'une influence extérieure
- C - Les limites de cette étude extérieure et les recommandations pour une étude sérieuse
- D - Quelques exemples à travers
les noms des Rohirrim et des Hobbits
- 1 - Les noms des Rohirrim.
- 2 - Les noms des Hobbits.
- 3 - L'importance des langues et de la mythologie dans l'œuvre de Tolkien
- Conclusion
3 - L'importance des langues et de la mythologie dans l'œuvre de Tolkien
La création de l'Histoire de la Terre du Milieu est liée à deux buts. Enfant, Tolkien créait déjà des langues. Devenu linguiste, il conserva cette habitude et justifia même son travail de romancier par ce désir particulier. Pour qu'une langue existe, il faut qu'elle ait des histoires à raconter. C'est ainsi que lui est venu l'envie de conter ses propres histoires ; pour donner un cadre à l'utilisation de ses langues. De plus, on ne peut étudier l'Histoire de la Terre du Milieu sans évoquer sa dimension mythologique.
A - Tolkien, l'universitaire
Tolkien fit de sa passion pour les langues sa carrière et devint professeur de littérature médiévale anglaise, professeur d'anglo-saxon à Oxford (spécialisé dans le dialecte mercien). Ses travaux consistèrent en conférences sur l'anglo-saxon et le moyen anglais (cf. Beowulf) et des éditions critiques (dont Sir Gawain and the Green Knight, Pearl and Sir Orfeo). Oxford lui offrit l'occasion d'apprendre le gallois et de découvrir le finnois.
Passionné par le finnois, cela lui inspira la création du quenya (ou haut elfique) et cela lui permit également de découvrir un poème épique norrois, le Kalevala. Ce poème regroupe des chants, des poèmes, des histoires et des sorts, que les Bards se transmettaient oralement et qui constitue l'épopée nationale finnoise. Or, Tolkien avait toujours regretté l'absence de contes anglo-saxons qui auraient eu pour cadre l'Angleterre. Les mythes celtes, ou l'histoire de la Table Ronde, un salmigondis de légendes celtes et françaises, ne le satisfaisaient pas. Le Kalevala avait été réécrit sous une forme plus moderne par des universitaires finnois, dont Lönnrot. Le travail accompli par Lönnrot lui apporta la preuve qu'on pouvait édifier une mythologie moderne à partir de légendes anciennes. Et c'est ce qu'entreprit Tolkien pendant la majeure partie de sa vie.
B - Philologie, onomastique, mythologie et récits
Tolkien se voyait comme un philologue scientifique, passionné par les relations entre langues, Histoire et récits. A ce sujet, il serait bon de conclure cette étude par une référence au discours d'adieu de Tolkien à l'Université d'Oxford : « C'est la philologie qui a sauvé de nombreux textes de l'oubli et de l'ignorance, ce qui a offert aux amoureux de la poésie et de l'Histoire des fragments d'un passé glorieux qui sans elle serait resté à jamais mort et sombre. ». Passionné d'histoire, il considérait que ses meilleurs moments étaient « ceux où elle met en lumière les mots et les noms ».
Conclusion
L'œuvre de Tolkien est donc celle d'un linguiste et d'un passionné de mythologie. Cette dualité transparaît tout particulièrement dans les noms des personnages et des lieux de son univers. Aucun nom n'est donné au hasard ; le sens caché ou implicite du nom suffit à une description des personnages et lieux, ou à des procédés humoristiques ou poétiques qui n'apparaissent qu'à un lecteur averti.
Tolkien reprochait à d'autres auteurs comme Eddison, Swift ou Dunsany, la place insuffisante qu'ils accordaient aux langues : Tolkien avait le souci constant de la cohérence et recherchait à travers les noms à la fois esthétisme, équilibre, vraisemblance et illusion d'historicité.
Note de l'Auteur : Je remercie l'ensemble des personnes m'ayant aidé dans la publication et la correction de ces articles, et en particulier Aravanessë, Elby et Sido.
© Alan Lee
Bibliographie :
- Le Seigneur des Anneaux, par J.R.R. Tolkien. (rassemblant les tomes I, II, III, appendices et annexes) Christian Bourgois Éditeur, 1995 ( première édition française : 1972).
- Le Silmarillion, par J.R.R. Tolkien. Christian Bourgois Éditeur, 1978 ( réed 1993 ) ; Presses Pocket, 1984.
- Contes et Légendes Inachevés, par J.R.R. Tolkien. Christian Bourgois Éditeur, 1982 (réed 1993) ; Presses Pocket, 1988.
- Faeries Hors série 1, Nestiveqnen Éditions,
2002, ISSN : 1625-8223.
- Les Langues de Tolkien, par Sébastien Bertho.
- Les Mondes Magiques du Seigneur des Anneaux, par
David Colbert, HarperCollins, 2002 ( le Pré aux Clercs pour
la traduction française, 2004 ).
- Quelle langue inspira Tolkien ?
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