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Du Livre aux Films

Avant Peter Jackson : les autres adaptations

par Eleglin (Y.H.)
mise à jour : 04.08.2008

Introduction

Porter Le Seigneur des Anneaux sur grand écran a longtemps compté parmi les fantasmes des plus grands réalisateurs : un rêve incroyable mais longtemps impossible à concevoir, à réaliser, à transfigurer...

En dépit de l'intérêt porté par quelques personnalites illustres : Walt Disney, John Boorman (Excalibur) ou Stanley Kubrick (2001, l'Odyssée de l'Espace, Barry Lyndon)..., le projet n'a jamais pu voir le jour. Et ceci pour des raisons bien simples mais frustrantes pour tout cinéphile : il s'agit de concentrer trois gros romans en un digest cohérent de deux heures. Quand on voit la richesse et la complexité de l'histoire de Tolkien, autant dire tout de suite qu'on y perdrait l'essentiel de la substance de l'œuvre. Autre challenge au point de vue logistique : le défi technique et visuel qu'impose le genre fantasy. Pour donner vie à ces créatures incroyables dans des décors merveilleux et transposer à l'écran des passages hautement épiques, il faut recourir à des techniques de pointe et faire appel aux effets spéciaux par ordinateur. Inconcevable avant que ILM, la firme de Georges Lucas, ne se penche sur les dinosaures de Jurassic Park.

L'Odyssée des Anneaux

En 1957, des producteurs américains abordent déjà Tolkien pour lui proposer le scénario d'une version animée. Hélas ! Le sujet étant traité avec trop de légereté et le respect de l'œuvre originelle laissant à désirer, l'auteur et l'éditeur Stanley Urwin déclinent l'offre.

Après une adaptation radiographique à la BBC où Ian Hom donne sa voix à Frodo, les studios Disney essaient d'en tirer un dessin animé musical pour enfants, mais le projet n'intéresse guère Tolkien. Les droits d'adaptation tombent ensuite entre les mains de Saul Zaentz, un ami de Ralph Bakshi. Ce dernier est un fan de la première heure et avait déjà réalisé plusieurs dessins animés pour 'adultes', dont Fritz the Cat (1972), Coonskin (1975) ou les Sorciers de la Guerre (1977). Une occasion inespérée pour Bakshi de réaliser un vieux rêve...

Saul Zaentz accepte de produire le projet de Bakshi, à savoir un dessin animé, selon le procédé du Rotoscope — procédé qui consiste à filmer des acteurs réels en situation puis à retoucher la pellicule imprimée afin de rajouter de la couleur ou des éléments de détail — technique que ce dernier a déjà utilisé sur Les Sorciers de la Guerre, et qui a fait ses preuves.

D'abord fixé sur l'idée d'en tirer un film en deux parties, Bakshi écrit un premier scénario qui condense La Communauté de l'Anneau et Les Deux Tours pour le premier chapitre. Malheureusement, la suite, Le Retour du Roi ne verra jamais le jour sous le pinceau de Bakshi, malgré le succès outre-atlantique du premier chapitre (simplement baptisé Le Seigneur des Anneaux... ). Frodo et Sam resteront donc à tout jamais au milieu des montagnes du Mordor, dommage...

Le graphisme de ce premier essai n'est pas toujours réussi : certains personnages semblent trop grossiers, comme Boromir, étrange viking. Gollum n'est pas si mal en grenouille humanoïde émincé. Mais le scénario n'est pas toujours très compréhensible pour un néophyte. Il faut pourtant reconnaître la réusiste de quelques scènes enlevées avec brio : l'attaque des Nazgûl à Bree, l'apparition du Balrog, ou encore la mort de Boromir...

La première adaptation télévisée d'une œuvre de Tolkien, Bilbo Le Hobbit (1977) sera réalisée par Jules Bass et Arthur Rankin Jr.. Le scénario respecte la structure du conte originel et reste accesible aux plus jeunes : un bon point donc, même si le graphisme est parfois un peu trop enfantin. Puis, il s s'attèlent à donner une pseudo-suite à l'œuvre de Bakshi, avec Le Retour du Roi (1979). Mais là encore, l'œuvre souffre de simplifications et des libertés prises par rapport au roman. Mais où sont donc passés Gimli, Legolas, Galadriel, Eowyn et bien d'autres... ? Quelques menues libertés qui ne pardonnent pas pour un fan !

Plus curieux, une série télévisée finlandaise verra le jour en 1991. Hobitit reste assez fidèle au roman et reprend la plupart des éléments de ce dernier. Mais cela prend parfois les allures d'un conte noir nordique. Et puis, un Boromir, en barbare de la toundra qui exhibe un katana, ça le fait pas trop... C'est à croire qu'ils se sont tous donnés le mot pour ce personnage qui est pourtant un prince des royaumes au sud, et non pas un ersatz de Conan !

Un nouvel espoir

A la fin des années 1990, les droits du roman toujours détenus par Saul Zaentz arrivent chez Miramax. Ces derniers proposent à Lawrence Kasdan, co-scénariste sur Les Aventuriers de l'Arche Perdue et sur Star Wars, de reprendre le flambeau. Mais les frères Weinstein s'obstinent à un digest de deux heures et le projet ne pourra jamais aboutir.

De même pour Peter Jackson qui propose d'en tirer deux longs métrages. Miramax persiste et ne signe pas. Inflexible, la firme laissera pourtant la liberté à Peter Jackson de prospecter ailleurs. Ce que ce dernier fait auprès des plus grands studios d'Hollywood, sans grand succès. Mais, le miracle se produit enfin quand Peter Jackson présente son projet chez New Line, firme indépendante qui joue depuis quelques années dans la cour des grands. Le patron de New Line, Peter Shaye s'intéresse immédiatement au projet des néo-zélandais et propose même à Peter Jackson de financer non pas deux films, mais trois.

On connait la suite...

Sources

  • Ciné LiveHors série 13, Cyber Press Publishing S.A., ISSN : 1253-4250.
  • Faeries Hors série 1, Nestiveqnen Éditions, 2002, ISSN : 1625-8223.

Gandalf - film de Bakshi