Les Archives de Gondor » Tolkien & le Cycle de l'Anneau » Bilbo Le Hobbit » Chapitre 16
Bilbo Le Hobbit

Chapitre 16 : Un voleur dans la nuit

Par Ilmarë (C. M.) & Eleglin (Y.H.)
mise à jour : 10.08.2008

Plan de l'article

Résumé du Chapitre

Les jours s'écoulent péniblement et certains Nains de la compagnie assemblent le trésor en tas. Thorin leur demande de rechercher l'Arkenstone, se jurant de se venger de quiconque ayant dissimulé le joyau. A cela Bilbo prend peur, mais ne révèle pas qu'il l'a en sa possession, car un plan chemine dans l'esprit du Hobbit. Un soir, il enfile son anneau magique et grâce à son invisibilité quitte la Montagne pour se rendre au camp des Elfes et des Hommes.

Il est conduit par des gardes Elfes devant Thranduil et Bard qui considèrent avec curiosité le petit individu qui se trouve devant eux revêtu d'une armure Elfe tissée de mithril. Bilbo leur confie l'arrivée prochaine de l'armée de Daín des Monts de Fer et leur fait une proposition afin de ramener la paix. Il leur confie l'Arkenstone pour négocier avec Thorin.

Les Roi des Elfes et Bard sont agréablement étonnés de l'acte si honorable du Hobbit et consentent. Avant son retour pour la Montagne, Bilbo a la joie de retrouver Gandalf qui est aussi dans le camp. Bilbo quelque peu troublé d'avoir d'une certaine manière trahi les Nains part avec un certain réconfort d'avoir revu et parlé à Gandalf. Il rejoint Thorin et Cie et ceux-ci ne se sont en rien aperçus de son absence.

Ilmarë.


Introduction

Bilbo livre la précieuse pierre tant convoitée par Thorin aux Elfes et aux Humains. Terrible retournement de situation... Enfin non, je n'irais pas juqu'à évoquer un deus ex machina. Ceci n'est pas une trahison, mais un moyen de désamorcer une situation de crise. Tout est question de point de vue.

Mais il s'agit surtout de la dernière étape dans la quête initiatique de Bilbo. En renonçant à l'Arkenstone et en le cédant à leurs "ennemis", Bilbo s'affirme en tant que héros accompli et autonome.

Eleglin.

Un nain a beau se tenir sur une montagne...

... il n'en est pas plus grand pour autant. Oui, je le reconnais : une petite plaisanterie pas très maligne, mais qui me vient à chaque fois à l'esprit quand je lis cette partie du conte.

Après la disparition de sa pierre précieuse, l'Arkenstone, un joyau qui illuminait les salles de la Montagne Solitaire et constitue la part belle de son héritage, Thorin jure de se venger de quiconque l'aurait en sa possession. Un excès qui n'est pas sans rappeler le serment des Noldor (cf Le Silmarillion) et qui pourrait bien avoir des conséquences tout aussi désastreuses.

De la rancœur qu'il avait gardé contre Smaug pour le mal qu'il avait causé aux siens, Thorin avait monter une expédition pour recouvrer son trésor. Mais doit-on pour autant en conclure qu'il souhaitait reprendre TOUT le trésor ? Et comment aurait-il pu l'emporter sous les yeux du dragon sans que celui-ci s'en rende compte ? C'est d'ailleurs la question qu'avait posé le rusé dragon à Bilbo. Ou bien il est possible aussi que c'était essentiellement l'Arkenstone que Thorin cherchait à récupérer, ce qui pourrait expliquer cette grande colère et ce grand désespoir face à cette disparition.

Quoiqu'il en soit, ce n'est pas une attitude bien raisonnable et ce n'est pas digne d'un nouveau Roi sous la Montagne. On avait déjà pu remarquer les excès de Thorin quand les emissaires des elfes et des hommes du lac étaient venus lui demander une part du trésor. Un sacrifice qui aurait été juste et utile pour nouer des relations diplomatiques avec ses nouveaux voisins. Si son désir était de restaurer le Royaume de ses pères, s'assurer l'aide et l'amitié des Elfes et des Hommes, ou tout au moins leur neutralité, cela aurait été une preuve de sagesse pour garantir la paix dans la région pour les années à venir.

Il ne faut pas oublier que la mort de Smaug ne faisait peut-être pas partie des plans de Thorin et qu'il n'avait pas prévu de rentrer en possession de l'intégralité de son héritage : le trésor et la charge de souverain. Il se peut que Thorin n'ait jamais eu l'espoir véritable de renverser Smaug. Et si le destin semble lui avoir donner une chance, l'orgueil et l'avidité semblent avoir eu raison de lui, malgré les avertissements de Gandalf.

Eleglin.

Le choix de Bilbo : la fin d'une quête initiatique

Cet épisode est la dernière expérience décisive qui marque l'aboutissement de sa quête intiatique. On peut résumer celle-ci comme suit :
— Bilbo, poussé par son Mentor (Gandalf) quitte le foyer en compagnie des Nains : il s'agit de la première étape pendant laquelle Bilbo prend conscience de sa place dans le monde et de la nécessité de faire évoluer le rapport qu'il entretient avec le monde extérieur. L'influence du Mentor l'a amené à prendre conscience de la nécessité de cette évolution et ceci constitue la première étape, et non la moindre, vers une maturation.
— Des premières quêtes jusqu'à la découverte de l'Anneau, Bilbo est entraîné dans diverses aventures peu glorieuses, où le Mentor est forcé de lui sauver plusieurs fois la mise. En tant que jeune aventurier inexpérimenté, les aventures ne tournent pas forcément à son avantage et le sort de Bilbo dépend essentiellement de l'aide de ses compagnons.
— La découverte de l'Anneau et l'épisode de Mirkwood marquent une nette évolution chez Bilbo. Le Mentor est parti et Bilbo ne devra compter que sur lui-même pour se sauver et aider ses amis. Alors qu'il était tout d'abord entraîné dans l'aventure et fortement dépendant des autres, Bilbo s'affirme et on lui confie des responsabilités.
— L'antre de Smaug est l'occasion pour Bilbo de confirmer ses capacités, notamment lorsqu'il dérobe la coupe sous le nez de Smaug. Mais plus encore, la découverte de l'Arkenstone et sa façon de résoudre cette intrigue en confiant le joyau de ses amis à leurs ennemis est essentielle : Bilbo ne se contente plus des responsabilités que lui confient les Nains, il fait ses choix de façon autonome. Son jugement ne dépend plus du Mentor ou de ses adjuvants, il est devenu un héros mature et accompli.

Bilbo aurait pu choisir de faire bloc avec ses compagnons, ou les obliger à revoir leur jugement. Au contraire, il s'affranchit de toute influence extérieure pour résoudre cette crise. En s'emparant de l'Arkenstone et en renonçant à ce dernier dans l'intérêt commun, Bilbo a réalisé la dernière étape de sa maturation.

Je ne détaillerais pas la conception psychanalytique de ce conte et j'ai d'ailleurs évité d'expliciter cet aspect. Il existe néanmoins un essai de Loki sur JRRVF traitant de cette conception. Des psychanalystes comme Bruno Bettelheim (Psychanalyse des contes de fées, 1976) ont tenté de démontrer de quelle manière le conte de fées pouvait aider l'enfant à équilibrer sa personnalité et à structurer sa relation avec le monde réel. Cet essai de psychanalyse de Loki s'intéressera aux similitudes des conceptions de Tolkien et Bettelheim et applique les méthodes analytiques de ce dernier au conte de Tolkien. Je vous renvoie donc à cet essai pour plus d'informations.

Eleglin.

Où l'on retrouve enfin Gandalf

Il est probable que Gandalf,  une fois sa mission terminée, ayant appris la mort de Smaug et connaissant le caractère de Thorin ainsi que celui des nains qui l'accompagnent, se doutait que cela allait finir en pujilat . Les hommes avaient tué le dragon et donc allaient réclamer leur part du trésor, mais les nains s'y opposeraient. Gandalf devait se douter que les évènements allaient s'enchaîner de cette façon. C'est pour cela qu'il se présente au camp en proposant son aide.

De plus il semble détenir des renseignements nul autre ne connait.

A son retour, il peut également juger du changement qui s'est opéré chez Bilbo, qui n'a plus vraiment besoin de Mentor et est devenu autonome. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que Gandalf se révèlera inutile dans les évènements à venir.

Mithrandir & Eleglin.

Pour approfondir cette lecture...

N'hésitez pas à consulter les commentaires de nos membres concernant ce chapitre sur nos forums de discussion et à y laisser vos propres impressions.

Bonne lecture !

Sources et articles à consulter :

 

Les armées © Wyatt