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J.R.R. Tolkien, le créateur de la Terre du Milieu

Biographie (1/4)

par Eleglin (Y.H.)
mise à jour : 04.08.2008

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La Jeunesse d'un poète épique. (1892-1914)

John Ronald Reuel Tolkien est né le 3 janvier 1892 à Bloemfontain, en Afrique du Sud. En 1892, la famille revient à Birmingham; le père malade ne peut les suivre et meurt l'année suivante. Le jeune garçon se retouve à demi-orphelin dans un pays inconnu. L'absence du père a marqué son enfance et il jouera ce rôle pour son jeune frère cadet. Le jeune Tolkien est alors très proche de sa mère; il gardera d'elle le souvenir d'une sainte. Pour elle, ce fut la gène aggravée par la conversion au catholiscisme mal vécue par la famille; elle disparait prématurément en 1904. J.R.R.Tolkien n'a alors que 12 ans. Les enfants seront balottés d'un foyer à l'autre. Dans cette situation l'école, l'élément le plus stable de sa vie devient alors un véritable refuge.

Puis on lui trouvera pour tuteur un bon père qui l'élevera dans la foi médiévale. Le jeune garçon s'enchante d'avoir pour terrain de jeux un village des environs de Birmingham dont il peint les paysages. Dans cette région buccolique aux magnifiques collines verdoyantes passe une voie férrée menant à des gares du Pays de Galles aux noms étranges. Tolkien, dont la mère avait été le premier professeur et avait évéillé son intérêt pour les mots, décide d'apprendre le gallois pour se rendre compte ensuite que chaque nom propre a un sens dans la langue qui le produit. De là est née sa passion pour les langues anciennes ou imaginaires comme le sindarin, inspiré du gallois, et pour le quenya, dérivé du vieux finnois. Cette passion marque le début d'une existence vouée à une quête lingusitique.

L'école a toujours été au centre de sa vie. Et Tolkien entre dans une bonné école, parfaitement adaptée pour des jeunes garçons comme lui: le King Edward's School. L'établissement est réputé pour former de parfaits linguistes. Avec trois amis, il fonde le Tea Club of the Barrovian Society (TCBS). S'ils détestaient Shakespeare, il partageaient la même passion pour les sagas germaniques et vouaient un véritable culte à Beowulf. Tolkien était né pour être philologue et poète épique. Leur amitié est solide et dure pendant leurs années d'études à Oxford, où Tolkien achève sa formation littéraire. Mais en 1914, la guerre met un terme aux années heureuses de sa jeunesse.

L'Histoire de la Terre du Milieu. (1914-1917)

La Première Guerre mondiale éclate en 1914. Tolkien est alors boursier au prestigieux collàge d'Oxford où il étudie l'anglais et la littérature. Il est appelé avec ses amis et envoyé sur le front de la Somme. C'est là que les affrontements entre les armées britanniques, francaises et allemandes sont les plus violents. Le jeune homme connait l'horreur des tranchées et voit tous ses proches amis tués les uns après les autres. Son petit groupe d'amis proches se rétrécit au fur et à mesure que les assauts se succèdent, plus violents et meurtriers à chaque fois. Tous ces malheurs ont forcément affecté sa façon de penser et son œuvre sera marquée par le thème récurrent de la mort.

C'est précisément dans les tranchées qu'il griffonne à la pointe d'un crayon de bois l'ébauche de ce qui deviendra l'Histoire de la Terre du Milieu. A partir des langues qu'il a créées, il imagine sa propre mythologie inspirée par l'étude des grandes sagas médiévales, en particulier la mythologie germano-scandinave. Tolkien s'était toujours intéréssé à ces univers épiques et pittoresques, parfois cruels, mais auxquels on doit nos civilisations. Les aventures des dieux guerriers et des déesses rebelles, le célèbre Walhalla, Odin et ses colères étaient d'ailleurs célèbres; en 1876, Wagner achevait son œuvre maîtresse, l'Anneau du Nibelung, ouvrage aux proportions gigantesques qui donnait vie à la Chevauchée des Walkyries, guerrières harnachées de casque et d'armures qui ramassaient les dépouilles des morts sur les champs de bataille. Cet opéra célébre encore le miracle de Siegfried, le fléau du dragon, ou pleure le Crépuscule des Dieux. Doit-on y voir une source d'inspiration pour le Seigneur des Anneaux de Tolkien ou pour son Silmarillion ?

Plutôt que de s'y intéresser à la manière d'un érudit, Tolkien pose sur ces mythes l'œil d'un poète. Exacerbé par ces grandes sagas, il crée la Terre du Milieu, univers fantastique servant d'exutoire à son imagintion débordante. Le Livre des Contes perdus présente l'histoire des Temps Anciens, la création du monde par le Premier Être, l'éveil des Elfes, la venue des pères des pères des Hommes, le vol des Silmarils et la ruse de Melkor. Un univers vaste, riche et complexe est en train de prendre vie.

Tolkien avait toujours regrétté l'absence de mythologie médiévale dans la culture britannique. La plupart des mythes anglo-saxons n'avaient pas résisté à l'invasion normande de 1066. Tolkien l'a toujours ressenti comme un vide qu'il voulait combler. Il y avait bien la légende du Roi Arthur et de la Table Ronde mais c'était un salmigondis d'un peu partout inspiré en grande partie par des récits français. Sa vie durant, Tolkien essaiera de combler ce vide mais les sagas médiévales n'avaient plus leur place dans la mythologie populaire anglaise, elles étaient trop difficiles. Il allàgera donc son épopée par l'introduction de personnages éthérés comme les elfes ou les fées qui donneront toute sa mesure à ces contes et légendes Fantasy.

De retour au pays, il épouse Edith Bratt, une camarade d'enfance qui sera la mère de ses quatre enfants. Ebranlé, malade, il compose La Chute de Gondolin, où Morgoth, le Prince de la Nuit trouve le chemin du royaume caché et se présente avec toute son armée devant la cité du Roi des Gnomes; de là un carnage auquel n'échappèrent que quelques elfes en s'enfuyant avec Earendel, petit-fils du Roi. Il est difficile de ne pas faire le parallàle entre l'Angleterre - protégée par son Channel - et que l'invasion de Morgoth exprime l'angoisse de l'auteur devant les hordes acérées des Teutons. Mais le ton de l'œuvre est épique et ignore la peur, dégageant déjà des thèmes essentiels comme le courage face à l'adversité ou le sacrifice de soi.

Si l'œuvre reste inachevée jusqu'en 1973, et si Christopher, son fils, dut y apporter quelques finitions, l'œuvre publiée en 1976 sous le titre de Silmarillion révèle des détails inédits et insoupçonnés de l'Histoire de la Terre du Milieu dont Tolkien avait fixé les principaux éléments dès 1917 !

Balrog © John Howe